mercredi 23 juillet 2008

Jorge une nouvelle fois persécuté!

Malheureusement depuis notre retour en France la persécution envers nos amis mapuches du Chili ne présente aucun signe de faiblesse. Arrestations, promesses bidons, intrusions dans la vie privé, montages grotesques rythment le quotidien du Peuple de la Terre. Notre ami Jorge Huenchullan en est une nouvelle fois victime.



Ses données informatiques piratées par deux individus!


Il y a quelques heures à peine, Alex Riva, le responsable du cyber café d’Ercilla remarque le comportement bizarre de deux individus. Ils sont en train de télécharger sur un disque dur externe toutes les données provenant du courrier électronique d’un certain… Jorge Huenchullan Werken de la comunauté de Temucuicui. Il tente d’interpeller les deux individus qui prennent la fuite dans une camionnette Nissan Blanche…

Jorge nous avait confié il y a peu qu’il pensait que son courrier était piraté par les services de renseignement chilien.

Cette affaire honteuse n’a malheureusement rien de surprenant et elle est à mettre en relation avec la future restitution de terres en faveur de la communauté de Temukuikui. Rappelons qu’après plusieurs années de lutte, les revendications territoriales de Temukuikui semblent trouver une issue favorable. Le gouvernement a décidé en mai de mettre la main au portefeuille et de racheter l’intégralité des terres réclamées, l’ensemble des propriétaires étant disposé à vendre. Trois des cinq terrains réclamés devraient être restitués le 30 juillet.

Tout semble aller pour le mieux sauf que les Carabineros du Chili vivent cette restitution de terres comme une humiliation. Les pauvres, eux qui s’efforcent de mettre les « indiens fauteurs de trouble » en prison se sentent désavouer par le propre gouvernement. La puissante institution militaire qui se croit toujours sous la dictature cherche donc à faire tout capoter. Et pour cela rien de mieux que de mettre en taule Jorge, le leader de la communauté. Pirater son courrier afin de monter de nouvelles accusations, en voila une bonne vieille méthode fasciste qui à fait ses preuves. !

Rappelons que Jorge a déjà passé quatre années de sa vie en prison, qu’il croule encore sous les chefs d’accusation et qu’il a été arrêté une nouvelle fois en mai dernier à la veille de sa rencontre avec la Présidente Michelle Bachelet. Motif : il ne se serait pas présenter à un procès…qu’on ne lui a jamais notifié ! Ah oui j’oubliais, les meilleurs alliés des carabiniers là bas c’est les juges. C’est ce qu’on appelle du travail d’équipe.

J’aimerais vous dire que le cas de Jorge est isolé mais malheureusement il y a pas plus représentatif de ce qui ce passe là bas.

Maricheweu !

PS : Et puisque les rares moments de bonheur il faut les savourer, je posterais les photos de la récupération imminente de trois des cinq terrains revendiqués.

Rappel Elena Varela, cinéaste chilienne qui réalisait un film sur les mapuches, a été arrêtée le 7 mai dernier pour association illicite terroriste. On essaye de la lier à un hold up avec homicide perpétré en 2005. Tout son matériel a été confisqué, elle est depuis en prison et son avocat n’a pas accès au dossier. Face à l’incohérence de cette histoire aucune explication détaillée n’a été donnée, malgré la mobilisation des milieux artistiques et des ONG tel Amnesty ou RSF.

mercredi 16 juillet 2008

Big Sister

Nathan est un ami journaliste suizo-colombien vivant à Bogota. Voici son regard, vu de là bas, sur la libération d'Ingrid Bétancourt .



Elle est descendue de l’avion, comme une miss. Elle a été chez Sarko. Elle a vu Villepin, Zapatero, Chirac, Ban Ki Moon, Notre Dame de Lourdes, Larry King, Libé, Le Monde, TF1, la BBC, TVE, la Rai et ses enfants.

En exclusif, à la télé, á la radio et à la une de vos journaux préférés. Pour vous, pépé, tata et les mioches, des insondables profondeurs de la jungle colombienne à la garden party du 14 juillet, le reality le plus chaud de l’été. Big Sister, Sainte Ingrid, super Betancourt, la résurrection de la passionaria mystique.

L’épisode du sauvetage de 15 otages aux mains de FARC parait tellement invraisemblable qu’il est impossible de ne pas provoquer des suspicions légitimes. Dans un pays en guerre, la vérité est toujours la première victime.

En Colombie on est habitué à cette réalité, qui se confond souvent à la magie. Aux nouvelles renversante, qui tombent du ciel, enveloppées dans du papier rose bonbon. Aux scénarios dignes des meilleurs telenovelas nationales.

Le narco Escobar n’a-t-il pas voulu racheter la dette extérieure du pays, fait construire une prison avec robinets en or et finir assassiné le jour de son anniversaire, localisé grâce à un coup de téléphone de ses enfants ? Ingrid elle-même n’a-t-elle pas parlé d’un « miracle » ?

Les éclaircissements tombent 20 ans après et tout le monde se surprend d’apprendre une vérité bien connue.

Mais, pourquoi pas ? Évidemment ça tombe bien. Comme souvent en Colombie. Juste au moment où Uribe lance l’idée d’un référendum pour approuver sa deuxième réélection. Juste au moment où notre président s’embourbe dans de sombres histoires de corruption. Juste au moment où on annonçait des libérations imminentes. Juste au moment où tout le monde proclamer haut et fort que les FARC sont finies. Juste au moment où le candidat républicain Mc Cain visite la Colombie. Juste au moment où Chavez invite les FARC à déposer les armes et renoue ses relations avec la Colombie.

En tant que anti-uribiste je voudrais que ce soit un canular, une vile manipulation de la presse, de l’opinion publique. Un infâme complot du sionisme impérialiste. Il est difficile d’accepter les victoires de ses opposants, mais là, le scénario était tellement bien ficelé qu’il m’a été inévitable verser une petite larme brillante face à l’écran.

A vrai dire, je m’en fous un peu de comment a été menée l’opération. Comme a dit Bakounine, « Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m'entourent, hommes ou femmes, sont également libres ».

Alors. Rançon ? Corruption des FARC ? Montage ? Je crains que la première saison de Big Sister ne nous apportera pas ces réponses. Mais restez branchés sur votre blog favori pour des révélations explosives !

Nathan Jaccard

mardi 15 juillet 2008

Réflexions sur le cinéma

Il n'y a pas de "monde" du cinéma, le cinéma n'est pas, ou ne devrait
pas être, un monde à part, coupé des choses, des gens, des sentiments
et des saisons.

En tant qu'art, il doit être un moyen d'expression, et plus que tout,
un moyen de communication. Avec son support propre, les images.

Le cinéma apporte, par rapport à la photographie, le temps et
le mouvement d'abord, le son ensuite.

Enfin, et comme vecteur de création, le cinéma est d'abord montage,
juxtaposition et superposition d'images.

L'image est un des grands mythes du 20ème siècle, objet de fascination et
de culte. Elle a conquis, jusqu'à la politique, par son pouvoir de conviction,
souvent utilisée comme preuve. Divine puisque qu'irréfutable.

"Je ne crois que ce que je vois". Alors on nous a montré.

On a tous vu, les 2 tours s'effondrer des dizaines de fois, le grand oral
réussit du gouvernement Bush devant l'ONU visant à démontrer,
preuves à l'appui, que l'Irak détenait des armes de destruction massives,
la libérationd'Ingrid Bétancourt, filmée par chance (sic) par un
vidéaste amateur.

Et la vérité dans tout ça ?

Ou j'essaye donc bien de vous mener ?

On parlait de cinéma, il me semble. Et voilà qu'à Cannes, sort un film
ovni, un film réfractaire à toute catégorisation, et que l'on a tant bien
que mal classé comme "documentaire d'animation". Le nom fait sourire.
Je veux parler du film Valse avec Bachir d'Ari Folman, (film en ce moment
en salles) qui est en même temps un film sur la mémoire, et ses absences,
un film sur l'absurdité de la guerre, et surtout un témoignage sur un fait
historique : l'invasion israélienne du Liban sud en 1982, et le massacre
de Sabra et Shatila, deux camps de réfugiés Palestiniens.
Ce film prend donc le parti osé de témoigner d'un fait historique, par
des images entièrement dessinés sur ordinateur. Et s'assume comme tel.

Il n'y a qu'à la fin, toute fin, du film, ou l'on se retrouve face à des images
d'archives, des camps et du lieu du massacre. On ne peut pas pour autant
parler d'un retour à la réalité, sinon d'une manière de souligner le propos,
et d'insister sur la gravité des faits, auxquels le réalisateur est directement
lié. (c'est d'ailleurs tout le cheminement du film, qui est une expédition dans
la mémoire du réalisateur, pour savoir, en tant que jeune soldat israélien,
ou il était ce jour là et quelle a pu être son implication dans ce massacre).

Moins que les qualités du film (grand absent du palmarès à Cannes),
je veux surtout insister sur ce qu'il représente. Voilà que sort un film
en 2008, et qu'il rend, par son existence même, la séparation
(osons le mot "frontière") entre fiction et documentaire obsolète,
inappropriée, dépassée.

Les questions qu'il soulève (qu'est ce qu'un documentaire, comment peut
on témoigner d'un fait, quel lien entre image et vérité (...) ) sont
passionnantes, et je veux surtout saluer la démarche du réalisateur,
et l'existence d'un cinéma qui chamboule, qui questionne,
qui remet en cause, qui ose, et qui sait s'affranchir des académismes,
et des petites cases dans lequel on aurait voulu l'enfermer.

Il faudrait aussi citer le film Redacted de Brian de Palma, véritable
travail sur l'image et leçon de cinéma, qui offre une autre vision de
la guerre en Irak, utilisant virtuosement les différentes manières
de faire de l'image aujourd'hui.

Il y a une fertilité, une ingéniosité du cinéma pour mettre en
perspective, créer des débats, une tendance avant gardiste qui ne
peut que m'enchanter.


(la nouvelle vague a précédé de presque 10 ans Mai 68)


Le cinéma n'est pas, ou ne devrait pas être, un "art de professionnel".

Il faut détruire cette idée, démystifier la chose, rendre humain
le processus. Dépasser cette peur de l'image. Le cinéma n'est ni un
support, ni un lieu, c'est une démarche. Souvent tactile, parfois physique.
Nous sommes des artisans de l'image.

Je rêve d'un cinéma en phase avec son époque, décomplexé, libre,
et surprenant. Non, le cinéma ne mourrera pas avec l'avènement
du DVD et du home cinéma, tout ceci n'étant qu'un
"témoignage du cinéma".

On ne peut pas nier le fulgurant développement d'internet,
et sa nouvelle importance dans la relation "consumériste" des gens
à l'image. L'avènement du tout, tout de suite. Mais ne diabolisons
pas internet. Comme espace de liberté, on peut y trouver du pire,
mais aussi du bien meilleur. A nous de le reprendre à notre compte,
d'y imposer nos idées, notre vision des choses, et du "bien meilleur".
Je ne parlerais même pas de la génération blog, tout comme la
possibilité d'avoir un accès à une information libre, indépendante,
et de qualité. Je parlerais de Revolta, projet bancal, film infinanceable
par les voies traditionnelles, et qui a vu le jour grâce à la volonté,
a conviction ( et la folie ?) de quelques anciens de Canal +.

Ce film est avant tout un road trip, une expérience humaine
(autant vécue que filmée), et le premier long métrage mis à disposition
gratuite des spectateurs sur dailymotion.

http://www.dailymotion.com/relevance/search/revolta/video/x4r81v_revoltakilometre-zero-le-film_shortfilms

C'est une possibilité plutôt novatrice de faire se rencontrer un film
et son public, résultat d'une volonté de partager, et de faire partager,
l'auteur encourageant les spectateurs à diffuser son oeuvre.

Quelques mois plus tôt, Dailymotion avait déjà mis en ligne
Poudre aux yeux, documentaire de 71 minutes sur la lutte de simples
citoyens pour fédérer les sans abris dans la lutte pour la défense de leurs droits.

Internet comme structure de diffusion, comme moyen d'échange, comme
nouveau vecteur d'un cinéma fauché et indépendant ?

Internet est encore tout jeune, il nous faudrait grandir avec lui,
et se ré approprier cet espace, pour multiplier la somme des possibles.

Enfin,j'aimerais saluer la démarche d'amis à moi,
tombés assez jeunes dans la marmite du cinéma, et qui ont créé
leur propre collectif.
Pour se donner une vitrine, ils ont aussi montés un site internet,
cinema-boycott.org,
et partagent ainsi leur vision, leur démarche cinématographique.

Ils ont organisés une projection à L'Etna (association de cinéastes
dans le 11é) la semaine dernière, mais je m'y suis pris trop tard
pour vous avertir ...

Pourquoi ai-je donc pris le temps de parler de tout ça ?
Pour terminer par cette affirmation, il n'y a qu'un seul cinéma,
qui chaque jour se réinvente, se remet en question, bouscule et interpelle.
Et qui parfois, au détour d'un plan, d'une réplique ou d'un silence,
sait nous ouvrir des horizons nouveaux, nous amener à des sentiments
enfouis, et poser les problématiques de demain.

dimanche 6 juillet 2008

Libération d'Ingrid vue d'un autre angle

Dans une histoire aussi politique que la libération d'Ingrid Bétancourt, nous n'avons qu'une seule certitude: la version officielle, par essence, n'est qu'une arnaque.

Pour ceux qui souhaitent y voir un peu plus clair voici un article écrit par Claude-Marie Vadrot et paru dans Mediapart le journal web d'Edwy Plenel l'ancien directeur du Monde. Loin d'affirmer qu'il détient la vérité absolue, cet article a le mérite de nous offrir une lecture différente, en cohérence avec les derniers évènements du conflit, le comportement des acteurs et les intérets qui sont en jeu:

http://www.mediapart.fr/journal/france/040708/liberation-d-ingrid-betancourt-ce-que-ne-dit-pas-la-version-officielle