vendredi 10 octobre 2008

Cartonero à Buenos Aires


Cartonero à Buenos Aires


Portrait d'Emmanuel, rencontré calle Venezuela à Buenos Aires


2 commentaires:

le béret et la baguette a dit…

Ce n'est pas le fait de trier les poubelles qui est choquant; ce sont, bien entendu, les conditions dans lesquelles cela s'effectue. Pas de gants, pas de masque, pas de combinaison de protection. Je vis depuis 4 mois à BS AS. Je suis senior et ai vu pas mal de choses dans les pays pauvres ou émergents (comme l'Argentine).Il y a 50 ans, en France, ne n'était guère mieux.Je crois qu'on ne parle pas assez de toutes ces sociétés de recyclage qui s'enrichissent sur la sueur et le risque de contamination des uns( ici en Argentine) ou sous le couvert de l'écologie et de la bonne conscience( le mot est lâché)des autres, en France par exemple où ce sont les particuliers qui trient eux-même, gratuitement, n'est-ce pas? pour le compte de ces sociétés de recyclage. Au moins, ici en Argentine les cartoneros gagnent quelques pesos même s'ils sont très indignement exploités. tirez-en la moralité que vous voudrez.

Joffrey a dit…

Rien de très choquant, en effet, puisque tout le monde semble s'accomoder plus ou moins de cette situation. Les cartoneros en premier lieu, puisque qu'ils en tirent les quelques pesos nécessaires pour subsister; les déchetteries ensuite, qui exploitent un filon très rentable, la ville de Buenos Aires, qui se désengage totalement du traitement des ordures, ayant trouvé des gens près à faire le sale boulot et qui n'exigent rien en retour, les habitants du centre de Buenos Aires enfin, qui se déchargent sur cette main d'œuvre conciliante d'une besogne qu'ils n'aimeraient pas faire eux mêmes.
Rien de très choquant donc, puisque toutes les nuits le même manège recommence, à l'identique, que toutes les nuits arrivent des banlieues environnantes ces milliers de petites mains, discrètes, besogneuses, silencieuses qui durant des heures rassemblent, trient, jettent et répartissent. Tellement discrètes qu'on ne les remarque pas. On ne les regarde pas de haut, non, on ne les dédaigne pas. Simplement on les ignore, on fait comme si ils n'étaient pas là.
Ils sont 250 000 comme ça, à assumer cette besogne indigne, dégradante, on n'essaye pas de les comprendre, ni de leur parler, on les ignore et on passe son chemin.
Rien de très choquant donc, simplement 250 000 victimes indirectes de la lachêté et du dédain géneral, victimes de la violence sourde d'un système ou chacun a donné son accord tacite, ou l'on sacrifie les pauvres et les banlieusards pour le confort de quelques uns et la cupidité de quelques autres. Mais vous avez raison, ça ne choque personne, et ce soir, et tous les autres soirs, à l'heure ou les ombres s'allongent et ou le soleil disparait derrière les immeubles, ils apparaitront, au coin de chaque rue. Et non, ça ne choquera personne, parce que quand il s'agit de ne pas voir, les hommes sont fichtrement doués.