mercredi 31 décembre 2008

Nouvel air

Quelques idées, par ci par là, et la volonté d'alimenter le blog de manière plus régulière, plus constante, et peut-être aussi de créer le rendez-vous.
Morceau choisi au gré de nos lectures, phrases, paragraphes et pages que nous avons voulu partagé, incroyable résonance des mots, trouvailles de sens, et surtout contenus que nous avons jugé d'utilité publique.
Arrêt sur image, et autant de pauses, moments ralentis à l'extrême, images extraites des quelques 30 heures de rush que nous sommes en train de monter, aperçus ou suggestions.
Et enfin Andalucia, ou la participation nouvelle d'une amie photographe. Propositions, en noir et blanc, d'espaces et de personnages, de distances et de rapports. Carte libre à Floriane, et initiation à une atmosphère, invitation à une région ou elle vit maintenant depuis quelques mois.

Nous réitérons notre injonction à des participations diverses et plurielles, qu'elles soient écrites, visuelles, musicales, picturales, mais surtout poétiques.

Bonne année à tous.

Ces questions qui nous dépassent

La complexité de la situation au proche orient et les ardentes passions que soulève le conflit israélo-palestinien ne doivent pas nous empêcher de penser, de débattre, d'échanger nos avis et surtout de nous révolter contre les atrocités et les actes criminels qui s'y produisent.

(Non, il n'y a pas de guerre propre. Non, les frappes chirurgicales ça n'existe pas. Oui, faire bombarder par l'aviation un territoire ou vivent 1,5 millions de civils, un des territoires les plus densément peuplés au monde, et ne même pas laisser aux populations civiles la possibilité de se réfugier, c'est criminel. Oui, astreindre ces populations civiles à un blocus dévastateur, et leur refuser toute aide humanitaire ou médicale, c'est un crime de guerre.)

Nous ne sommes pas des spécialistes, et évidemment nous ne maitrisons pas toutes les dimensions historiques, humaines, géo-politiques, stratégiques, religieuses et économiques de la situation au proche orient.

Nous sommes juste des hommes et des femmes, des êtres pensants et agissants, des personnes qui ne doivent jamais renoncer au débat, à la sensibilité, à la contradiction, à l'humain devant toute chose.
Parce qu'il nous faut être " toujours capables de ressentir au plus profond de [notre] coeur n'importe quelle injustice commise contre n'importe qui, où que ce soit dans le monde " et que c'est " la plus belle qualité d'un révolutionnaire ".

Et parce que profondément révoltés nous devons être devant la froideur complice du commentaire journalistique et sa pseudo neutralité, et devant la lâcheté légendaire de nos dirigeants, clowns politiques qui squattent à outrance les écrans de télévision du monde entier.

Et ces pinocchios en chair et en os ont tacitement désigné le prochain ennemi, en la personne du président Ahmadinejad et de son pays, l'Iran.
On a presque osé nous refaire le coup des armes de destruction massive, puis non, finalement cette fois on veut nous convaincre du mal-fondé de l'Iran et de son président parce qu'il aurait déclaré vouloir "rayer Israël de la carte". Cette phrase, reprise en coeur par de nombreux chefs d'état, a suffit pour que soit unanimement décidé l'infréquentabilité de Mr Ahmadinejad et de son pays. Des méchants, ils en avaient le costume et les paroles. Sauf que ...


Sauf que dans la phrase prononcée par Mr Ahmadinejad en 2005, il n'y avait ni le mot rayer, ni Israël, ni carte. Et que cette fameuse phrase était une phrase rapportée, une citation.

C'est avec ce genre d'approximations que l'on nous mène vers des guerres illégitimes et honteuses.

Alors même si ces questions sont incroyablement compliqués, et bien souvent nous dépassent, il me parait extrêmement important de faire vivre le débat, d'animer l'échange d'idées et d'informations, et d'adopter une position sans appel face aux injustices, aux actes criminels et autres mensonges.

La neutralité devant l'inacceptable finit par le rendre acceptable.
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mardi 30 décembre 2008

Morceau choisi

" Si Temuco était la tête de pont de la vie chilienne dans les territoires du sud, c'était à la suite d'une longue et sanglante histoire.
Sous la poussée des conquistadores espagnols, après trois siècles de lutte, les Araucans (Mapuche ndlr) se replièrent vers ces régions froides. Mais les Chiliens continuèrent ce qu'on a appellé la "pacification de l'Araucanie", c'est-à-dire la prolongation d'une guerre à feu et à sang à fin de déposséder de leurs terres nos compatriotes. Contre les Indiens, toutes les armes furent généreuseument utilisées: le tir à la carabine, l'incendie des chaumières et, plus tard, d'une manière plus paternelle, le recours à la loi et à l'alcool. L'avocat se fit le spécialiste de leur expropriation, le juge les condamna quand ils protestèrent, le prêtre les menaça du feu éternel. Et enfin l'eau de vie acheva d'anéantir une race farouche dont les exploits, le courage et la beauté, furent gravés en strophes d'airain et de jaspe par Alonso de Ercilla dans son Araucana. "

Pablo Neruda - J'avoue Que J'Ai Vécu
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mercredi 24 décembre 2008

Arrêt sur image

Morceau choisi

" Notre époque est, dit-on, le siècle du travail; il est en effet le siècle de la douleur, de la misère et de la corruption. (...)
Travaillez, travaillez, prolétaires, pour agrandir la fortune sociale et vos misères individuelles, travaillez, travaillez, pour que, devenant plus pauvres, vous ayez plus de raisons de travailler et d'être misérables. Telle est la loi inexorable de la production capitaliste.
Parce que, prêtant l'oreille aux fallacieuses paroles des économistes, les prolétaires se sont livrés corps et âme au vice du travail, ils précipitent la société tout entière dans des crises industrielles de surproduction qui convulsent l'organisme social. Alors, parce qu'il y a pléthore de marchandises et pénurie d'acheteurs, les ateliers se ferment et la faim cingle les populations ouvrières de son fouet aux milles lanières. Les prolétaires, abrutis par le dogme du travail, ne comprenant pas que le surtravail qu'ils se sont infligé pendant le temps de prétendue prospérité est la cause de leur misère présente, au lieu de courir au grenier à blé et de crier : " Nous avons faim et nous voulons manger ! ... Vrai, nous n'avons pas un rouge liard, mais tout gueux que nous sommes, c'est nous cependant qui avons moissonné le blé et vendangé le raisin ... " (...)
Et ces misérables, qui ont à peine la force de se tenir debout, vendent douze et quatorze heures de travail deux fois moins cher que lorsqu'ils avaient du pain sur la planche. Et les philanthropes de l'industrie de profiter des chômages pour fabriquer à meilleur marché. "

Paul Lafargue - Le droit À La Paresse (1883)

Et sinon, joyeux noël ...

mardi 23 décembre 2008

lundi 22 décembre 2008

Morceau choisi

" Chaque cinéaste a le devoir moral de son plan, et le temps réel en est une garantie. Ce plan est sensible. Sensible à cause de la tentation de vouloir le réduire, de prendre seulement la partie la plus spectaculaire, la plus esthétique, ou celle qui exprime le plus de compassion.

Vous pourriez me reprocher d'être trop insistant et de faire mon cinéma avec ça, je sais seulement que l'insistance rend ce plan moins fragile en quelque sorte, plus riche parce que moins réducteur. (...) "

Raymond Depardon - Errance

On Air

dimanche 21 décembre 2008

Morceau choisi

" D'étranges villes-carrefours défilaient sur le toit du monde, avec des Indiens en châle qui nous observaient sous leurs grands chapeaux et leurs rebozos. La vie était dense, sombre, ancienne. Ils regardaient Dean, grave et fou à son volant lunatique, de leurs yeux de faucon. Tous tendaient la main. Ils étaient descendus du plus haut des montagnes pour mendier quelque chose qu'ils croyaient obtenir de la civilisation et n'imaginaient pas la tristesse ni la pauvre et sinistre illusion de cet espoir. Ils ne savaient pas qu'une bombe était née qui pouvait démolir tous nos ponts et toutes nos routes et les rejeter au chaos et que nous serions peut-être un jour aussi pauvres qu'eux, et les mains ouvertes, tout à fait de la même façon. Notre lamentable Ford, la vieille Ford grimpante de l'Amérique des années trente, passait au milieu d'eux en feraillant et disparaissait dans la poussière. "

Jack Kerouak - On The Road

Keny Arkana, le rap et la révolte


Keny_arkana-La_rage_(Clip)-Fr_2006

Pour en savoir plus sur la demoiselle, sa prose et ses combats,

http://www.keny-arkana.com/indexflash.html


vendredi 12 décembre 2008

NO COMMENT

"C’est ici, à Guantanamo Bay, que les méthodes de torture ordonnées par le Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld ont été appliquées en premier. L’homme qui a servi de cobaye à ce «premier plan d’interrogation spécial»: Mohamed al-Kahtani, un homme d’affaires saoudien soupçonné d’avoir tenté d’entrer aux Etats-Unis en 2001 afin de devenir l’un des pirates de l’air du 11-Septembre.

Il a été torturé pendant 49 jours, du 23 novembre 2002 au 11 janvier 2003, à raison de 20 heures par jour. Il a été soumis à de longues périodes de privation de sommeil, placé nu dans des chambres froides, sexuellement humilié, menacé avec des chiens, traîné en laisse à quatre pattes, bombardé de musique… tandis que des médecins lui injectaient des produits pour qu’il se tienne en éveil plus longtemps.

Il est pratiquement devenu fou. Tant et si bien que des enquêteurs militaires du Département américain de la Défense ont estimé, en 2006, qu’il serait «impossible» de juger al-Kahtani en raison du traitement qu’il a subi. De fait, il a été inculpé, puis tous les chefs d’inculpation à son encontre ont été abandonnés en mai 2008 sans explication."


Je sais même pas comment réagir à ça ...

samedi 6 décembre 2008

Pour information ...

... et en réaction à l'article de Rue89 sur le sujet.


Dailymotion et le cinéma

Disposant d'une visibilité réduite par rapport à son grand frère Youtube, Dailymotion essaye de se démarquer par une politique éditorialiste plus affirmée, en misant autant que possible sur la qualité et la créativité des contenus qu'il propose.
Que ce soit la possibilité de s'inscrire en tant que "motion maker", la mise en avant des contenus originaux (creative content) ou encore la volonté de diffuser de plus en plus de vidéos au format HD.
Dailymotion avait d'ailleurs passé un cap, en proposant pour la première fois des longs métrages en visionage libre sur le site (on pense à Les enfants de Don Quichotte, Acte 1 dont nous avions parlé, ou encore Revolta Kilomètre 0, toujours visible sur le site).

Ce processus, tout récent, va encore plus loin, puisque cette fois le site diffuse ni plus ni moins un long métrage en avant première mondiale (chose largement facilité par internet ...).
Ce film, Wmd (Weapons of Mass Destrcution) est visionnable depuis cet après midi 3 heures, et le restera jusqu'à Lundi matin 11h.

WMD

Moins que les qualités intrinsèques du film, c'est la démarche qui m'intéresse particulièrement, et cela pour 2 raisons :
Tout d'abord parce qu'il est en train de s'inventer une nouvelle manière de diffuser du cinéma, il est train de se créer un autre terrain de rencontre entre un film et son public. Et cette nouvelle manière a, à mes yeux, de nombreux avantages: en plus d'être gratuite (facteur qu'on aurait tort de négliger), elle est plus directe et plus souple, et peut devenir une véritable solution pour ceux dont les films n'ont pas les moyens ou ne sont pas "calibrés" pour une sortie traditionelle en salle. En clair, une telle diffusion pourrait simplement permettre à de nombreux films "d'exister", d'avoir une visibilité et la chance de pouvoir rencontrer un public.
Enfin, et pour finir, on ne peut que se réjouir qu'internet, média démocratique par exellence, devienne une plateforme ou se partagent aussi, et de plus en plus, des informations et des contenus de qualité.
Il suffit d'imaginer les possibilités de diffusion et d'émancipation que permet une telle démarche, pour se convaincre qu'internet peut devenir une véritable chance, constituer une réelle opportunité pour tous les créateurs de contenu ...