samedi 15 août 2009

Morceau Choisi

" L'ambition de quelques individus d'abord, de quelques classes sociales ensuite, érigea en principe vital l'esclavage et la conquête, et enracina, plus que tout autre, cette terrible idée de la divinité. Dès lors, toute société fut impossible sans, comme base, ces deux institutions : l'Église et l'État. Ces deux fléaux sociaux sont défendus par tous les doctrinaires.
A peine ces institutions apparurent dans le monde que tout à coup deux castes s'organisèrent : celle des prêtres et celle des aristocrates, qui, sans perdre de temps, eurent le soin d'inculquer profondément au peuple asservi l'indispensabilité, l'utilité et la sainteté de l'Église et de l'État.
Tout cela avait pour but de changer l'esclavage brutal en un esclavage légal, prévu, consacré par la volonté de l'État suprême. (...)
Mais si les prêtres, les augures, les aristocrates et les bourgeois, des vieux et nouveaux temps, purent croire sincèrement, ils restèrent quand même sycophantes. On ne peut, en effet, admettre qu'ils aient cru à chacune des absurdités qui constituent la foi et la politique. (...)
Même au temps de l'ignorance et de la superstition générales, il est difficile de supposer que les inventeurs de miracles quotidiens aient été convaincus de la réalité de ces miracles. On peut dire la même chose de la politique, qu'on peut résumer dans la règle suivante : " Il faut subjuguer et spolier le peuple de telle façon qu'il ne se plaigne pas trop haut de son destin, qu'il n'oublie pas de se soumettre et n'ait pas le temps de penser à la résistance et à la révolte. "
Comment donc, après cela, s'imaginer que des gens qui ont changé la politique en un métier et connaissent son but, c'est à dire l'injustice, la violence, le mensonge, l'assassinat , en masse et isolé, puissent croire sincèrement à l'art politique et à la sagesse de l'État générateur de la félicité sociale ? Ils ne peuvent pas être arrivés à ce degré de sottise malgré toute leur cruauté. L'Église et l'État ont été de tous temps de grandes écoles de vices. L'histoire est là pour attester de leurs crimes : partout et toujours le prêtre et l'homme d'État ont été les ennemis et les bourreaux conscients, systématiques, implacables et sanguinaires des peuples. "

In Michel Bakounine, L'Église et l'État

mardi 11 août 2009

L'histoire nous appartient, c'est le peuple qui la fait.

Dernier discours prononcé à la radio par Salvador Allende, président du Chili, alors que l'aviation bombarde le palais présidentiel.

Santiago du Chili, mardi 11 septembre 1973, 9h50 am.



C'est certainement la dernière opportunité que j'ai de vous parler. Les forces armées aériennes ont bombardé les antennes de radio. Mes paroles ne sont pas amères mais déçues. Elles sont la punition morale pour ceux qui ont trahi le serment qu'ils firent. Soldat du Chili, Commandant en chef, associé de l'Amiral Merino, et du général Mendosa, qui hier avait manifesté sa solidarité et sa loyauté au gouvernement, et aujourd'hui s'est nommé Commandant Général des armées. Face à ces évènements, je peux dire aux travailleurs que je ne renoncerai pas. Dans cette étape historique, je paierai par ma vie ma loyauté au peuple. Je vous dis que j'ai la certitude que la graine que l'on à confié au peuple chilien ne pourra pas être détruit définitivement. Ils ont la force, ils pourront nous asservir mais n'éviteront pas les procès sociaux, ni avec le crime, ni avec la force. L'Histoire est à nous, c'est le peuple qui la fait.

Travailleurs de ma patrie, je veux vous remercier pour la loyauté dont vous avez toujours fait preuve, de la confiance que vous avez reposé sur un homme qui a été le seul interprète du grand désir de justice, qui jure avoir pu respecté la constitution et la loi. En ce moment crucial, la dernière chose que je voudrais vous adresser est que j'espère que la leçon sera retenue.

Le capital étranger, l'impérialisme, ont créé le climat qui a cassé les traditions : celles que montrent Scheider et qu'aurait réaffirmé le commandant Araya. C'est de chez lui, avec l'aide étrangère, que celui-ci espérera reconquérir le pouvoir afin de continuer à défendre ses propriétés et ses privilèges. Je voudrais m'adresser à la femme simple de notre terre, à la paysanne qui a cru en nous ; à l'ouvrière qui a travaillé dur et à la mère qui a toujours bien soigné ses enfants. Je m'adresse aux personnels de l'état, à ceux qui depuis des jours travaillent contre le coup d'état, contre ceux qui ne défendent que les avantages d'une société capitaliste. Je m'adresse à la jeunesse, à ceux qui ont chanté et ont transmis leur gaieté et leur esprit de lutte. Je m'adresse aux chiliens, ouvriers, paysans, intellectuels, à tous ceux qui seront persécutés parce que dans notre pays le fascisme est présent déjà depuis un moment. Les attentats terroristes faisant sauter des ponts, coupant les voies ferrées, détruisant les oléoducs et gazoducs ; face au silence de ceux qui avaient l'obligation d'intervenir, l'Histoire les jugera.

Ils vont sûrement faire taire radio Magallanes et vous ne pourrez plus entendre le son métallique de ma voix tranquille. Peu importe, vous continuerez à m'écouter, je serai toujours près de vous, vous aurez au moins le souvenir d'un homme digne qui fut loyal avec la patrie. Le peuple doit se défendre et non pas se sacrifier, il ne doit pas se laisser exterminer et se laisser humilier.

Travailleurs : j'ai confiance au Chili et à son destin. D'autres hommes espèrent plutôt le moment gris et amer où la trahison s'imposerait. Allez de l'avant sachant que bientôt s'ouvriront de grandes avenues où passera l'homme libre pour construire une société meilleure.
Vive le Chili, vive le peuple, vive les travailleurs ! Ce sont mes dernières paroles, j'ai la certitude que mon sacrifice ne sera pas vain et qu'au moins ce sera une punition morale pour la lâcheté et la trahison.


Pour aller un peu plus loin, un documentaire, Salvador Allende, réalisé en 2004 par Patricio Guzman. (espagnol non sous titré ..)

Pas vu, pas pris

Documentaire réalisé par Pierre Carles en 1998 sur les rapports entre les médias et le pouvoir. Initialement commandé, pour être ensuite refusé et censuré par Canal +.




mardi 4 août 2009

Le modèle de contre-insurrection français

Durant les guerres coloniales d'Indochine, du Maroc et de l'Algérie, alors qu'elle combattait des guérillas anticolonialistes, l'armée française a expérimentée une nouvelle technologie de guerre dans la population, une technologie révolutionnaire dans l'histoire de la domination des êtres humains. Ce système de pratiques relevant de la terreur d'Etat a été codifié à travers ce que l'on appelle la " doctrine de la guerre révolutionnaire " (DGR), la guerre anti-subversive ou encore la contre-insurrection. A travers l'idée que l'armée serait le spécialiste et le seul recours en cas d'insurrection généralisée, qu'elle serait le " chirurgien attitré du corps national lorsqu'il est attaqué par le virus révolutionnaire ", la doctrine contre-subversive française associe sept idées :

1. les populations colonisées sont des milieux de prolifération de la subversion révolutionnaire.
2. Le renseignement doit permettre de faire apparaître les hiérarchies parallèles adverses, à tenir, détruire ou remplacer.
3. La terreur permet à l'adversaire de tenir la population, il faut se réapproprier ces principes.
4. Désigner la subversion intérieure permet d'amener la population à soutenir la répression et à y participer.
5. L'action psychologique permet de contrôler les représentations de la population et la guerre psychologique de tromper l'adversaire. L'armée doit être le chirurgien de la société gangrénée.
6. Le quadrillage militaro-policier de l'espace urbain constitue un acte chirurgical radical pour purger les subversifs et immuniser la population colonnisée.
7. La raison d'Etat justifie l'état d'exception et la militarisation du contrôle.

La DGR systématise et rationalise l'emploi d'une série de dispositifs de contrôle, surveillance et répression, dont les traductions concrètes les plus problématiques ne sont toutefois jamais énoncées explicitement dans les textes officiels, même si les historiens en ont depuis retrouvés les traces dans nombre de témoignages et certains documents officiels :

- mise en place d'un système d'exception juridique ;
- quadrillage et recensement : surveillance et contrôle physique et statistique des identités et relations sociales de la population ;
- déplacement et internement : déportations et camps de concentration (mais aussi torture massive et disparitions forcées) ;
- renseignement : mises sur écoutes, infiltrations, retournements de délateurs (et torture) ;
- action psychologique et propagande (manipulation des médias en direction de la population, des troupe, ou de l'étranger) ;
- contre-terrorisme : emploi confidentiel et discrétionnaire des forces spéciales (création de " faux maquis " et de fausses organisations adverses pour justifier la répression, formation de milices paramilitaires pouvant faire office d' "escadrons de la mort " et suppléer les forces spéciales dans le cadre de "coups tordus") ;
- création de groupes d'autodéfense composés d'éléments " indigènes " : destruction des " hiérarchies parallèles de l'organisation politico-administrative (OPA - désigne l'organisation ennemie) et reconstruction de nouvelles hiérarchies par retournements, pressions et pré-sélection des élites locales amenées à gouverner dans l'avenir.

Cette doctrine est globalement réhabilitée depuis la fin des années 1990. Elle avait été enseignée aux armées alliés (sic) dès les années 1950, l'Otan en a développé une version " globale ", désormais déclinée sur tous les continents, et remaniée par ses utilisateurs selons les contextes.

In Carlos Marighela, Manuel du guérillero Urbain

lundi 20 juillet 2009

mardi 14 juillet 2009

mercredi 8 juillet 2009

Morceau Choisi

" (...) et les plus hardis parmi les penseurs en sont venus à dire que le gouvernement était un fléau sans doute, un châtiment pour l'humanité, mais que c'était un mal nécessaire.
Voilà pourquoi, jusqu'à nos jours, les révolutions les plus émancipatrices, et toutes les effervescences de la liberté, ont abouti constamment à un acte de foi et de soumission au pouvoir ; pourquoi toutes les révolutions n'ont servi qu'à reconstituer la tyrannie (...) .

(...) tandis que le peuple, à chaque Révolution, croyait réformer suivant les inspirations de son cœur, les vices de son gouvernement, il était trahi par ses idées mêmes ; en croyant mettre le pouvoir dans ses intérêts, il l'avait toujours, en réalité, contre soi ; au lieu d'un protecteur, il se donnait un tyran.

L'expérience montre, en effet, que partout et toujours le gouvernement, quelque populaire qu'il ait été à son origine, s'est rangé du côté de la classe la plus éclairée et la plus riche contre la plus pauvre et la plus nombreuse ; qu'après s'être montré quelque temps libéral, il est devenu peu à peu exceptionnel, exclusif ; enfin, qu'au lieu de soutenir la liberté et l'égalité entre tous, il a travaillé obstinément à les détruire, en vertu de son inclination naturelle au privilège. "


Pierre-Joseph Proudhon - Idée générale de la révolution au XIXe siècle (1851)

dimanche 5 juillet 2009

" The Coming Insurrection"


Fox News fait de la pub pour l'Insurrection qui vient!

"Je vous invite à lire ce livre pour vous faire votre propre opinion" et d'ajouter ensuite : "Ces gens sont dangereux, ce sont vos ennemis (...) les ennemis de l'intérieur".

Et sinon, il n'a pas lu le livre ..

J'ai toujours adoré les faiseurs d'opinion en carton (et toujours de droite) qui sévissent à la télé américaine ...

dimanche 21 juin 2009

Citizens, hear me out.


These are the times that try men's souls. In the course of our nation's history, the people of Boston have rallied bravely whenever the rights of men have been threatened. Today, a new crisis has arisen. Citizens, hear me out! This could happen to you!


Dinosaurs - Bonobo
(album: Animal Magic)

jeudi 11 juin 2009

Morceau Choisi

" Ça ressemblait à n'importe quel autre boulot impossible, tu te fatiguais, tu avais envie de te tailler, et puis tu fatiguais encore et tu oubliais de te tailler, les minutes n'avançaient pas, tu vivais éternellement la même minute, sans espoir, sans échappatoire, piégé, trop sonné pour te tailler et nulle part où aller si tu barrais pour de bon. "

Charles Bukowski - Au Sud De Nulle Part

vendredi 29 mai 2009

"Là où l'anesthésie n'opère plus".


Comment vivez-vous votre détention ?

Très bien merci. Tractions, course à pied, lecture.

Pouvez-nous nous rappeler les circonstances de votre arrestation ?

Une bande de jeunes cagoulés et armés jusqu'aux dents s'est introduite chez nous par effraction. Ils nous ont menacés, menottés, et emmenés non sans avoir préalablement tout fracassé. Ils nous ont enlevés à bord de puissants bolides roulant à plus de 170 km/h en moyenne sur les autoroutes. Dans leurs conversations, revenait souvent un certain M. Marion [ancien patron de la police antiterroriste] dont les exploits virils les amusaient beaucoup comme celui consistant à gifler dans la bonne humeur un de ses collègues au beau milieu d'un pot de départ. Ils nous ont séquestrés pendant quatre jours dans une de leurs "prisons du peuple" en nous assommant de questions où l'absurde le disputait à l'obscène.

Celui qui semblait être le cerveau de l'opération s'excusait vaguement de tout ce cirque expliquant que c'était de la faute des "services", là-haut, où s'agitaient toutes sortes de gens qui nous en voulaient beaucoup. A ce jour, mes ravisseurs courent toujours. Certains faits divers récents attesteraient même qu'ils continuent de sévir en toute impunité.

Les sabotages sur les caténaires SNCF en France ont été revendiqués en Allemagne. Qu'en dites-vous?

Au moment de notre arrestation, la police française est déjà en possession du communiqué qui revendique, outre les sabotages qu'elle voudrait nous attribuer, d'autres attaques survenues simultanément en Allemagne. Ce tract présente de nombreux inconvénients : il est posté depuis Hanovre, rédigé en allemand et envoyé à des journaux d'outre-Rhin exclusivement, mais surtout il ne cadre pas avec la fable médiatique sur notre compte, celle du petit noyau de fanatiques portant l'attaque au cœur de l'Etat en accrochant trois bouts de fer sur des caténaires. On aura, dès lors, bien soin de ne pas trop mentionner ce communiqué, ni dans la procédure, ni dans le mensonge public.

Il est vrai que le sabotage des lignes de train y perd beaucoup de son aura de mystère : il s'agissait simplement de protester contre le transport vers l'Allemagne par voie ferroviaire de déchets nucléaires ultraradioactifs et de dénoncer au passage la grande arnaque de "la crise". Le communiqué se conclut par un très SNCF "nous remercions les voyageurs des trains concernés de leur compréhension". Quel tact, tout de même, chez ces "terroristes"!

Vous reconnaissez-vous dans les qualifications de "mouvance anarcho-autonome" et d'"ultragauche"?

Laissez-moi reprendre d'un peu haut. Nous vivons actuellement, en France, la fin d'une période de gel historique dont l'acte fondateur fut l'accord passé entre gaullistes et staliniens en 1945 pour désarmer le peuple sous prétexte d'"éviter une guerre civile". Les termes de ce pacte pourraient se formuler ainsi pour faire vite : tandis que la droite renonçait à ses accents ouvertement fascistes, la gauche abandonnait entre soi toute perspective sérieuse de révolution. L'avantage dont joue et jouit, depuis quatre ans, la clique sarkozyste, est d'avoir pris l'initiative, unilatéralement, de rompre ce pacte en renouant "sans complexe" avec les classiques de la réaction pure – sur les fous, la religion, l'Occident, l'Afrique, le travail, l'histoire de France, ou l'identité nationale.

Face à ce pouvoir en guerre qui ose penser stratégiquement et partager le monde en amis, ennemis et quantités négligeables, la gauche reste tétanisée. Elle est trop lâche, trop compromise, et pour tout dire, trop discréditée pour opposer la moindre résistance à un pouvoir qu'elle n'ose pas, elle, traiter en ennemi et qui lui ravit un à un les plus malins d'entre ses éléments. Quant à l'extrême gauche à-la-Besancenot, quels que soient ses scores électoraux, et même sortie de l'état groupusculaire où elle végète depuis toujours, elle n'a pas de perspective plus désirable à offrir que la grisaille soviétique à peine retouchée sur Photoshop. Son destin est de décevoir.

Dans la sphère de la représentation politique, le pouvoir en place n'a donc rien à craindre, de personne. Et ce ne sont certainement pas les bureaucraties syndicales, plus vendues que jamais, qui vont l'importuner, elles qui depuis deux ans dansent avec le gouvernement un ballet si obscène. Dans ces conditions, la seule force qui soit à même de faire pièce au gang sarkozyste, son seul ennemi réel dans ce pays, c'est la rue, la rue et ses vieux penchants révolutionnaires. Elle seule, en fait, dans les émeutes qui ont suivi le second tour du rituel plébiscitaire de mai 2007, a su se hisser un instant à la hauteur de la situation. Elle seule, aux Antilles ou dans les récentes occupations d'entreprises ou de facs, a su faire entendre une autre parole.

Cette analyse sommaire du théâtre des opérations a dû s'imposer assez tôt puisque les renseignements généraux faisaient paraître dès juin 2007, sous la plume de journalistes aux ordres (et notamment dans Le Monde) les premiers articles dévoilant le terrible péril que feraient peser sur toute vie sociale les "anarcho-autonomes". On leur prêtait, pour commencer, l'organisation des émeutes spontanées, qui ont, dans tant de villes, salué le "triomphe électoral" du nouveau président.

Avec cette fable des "anarcho-autonomes", on a dessiné le profil de la menace auquel la ministre de l'intérieur s'est docilement employée, d'arrestations ciblées en rafles médiatiques, à donner un peu de chair et quelques visages. Quand on ne parvient plus à contenir ce qui déborde, on peut encore lui assigner une case et l'y incarcérer. Or celle de "casseur" où se croisent désormais pêle-mêle les ouvriers de Clairoix, les gamins de cités, les étudiants bloqueurs et les manifestants des contre-sommets, certes toujours efficace dans la gestion courante de la pacification sociale, permet de criminaliser des actes, non des existences. Et il est bien dans l'intention du nouveau pouvoir de s'attaquer à l'ennemi, en tant que tel, sans attendre qu'il s'exprime. Telle est la vocation des nouvelles catégories de la répression.Il importe peu, finalement, qu'il ne se trouve personne en France pour se reconnaître "anarcho-autonome" ni que l'ultra-gauche soit un courant politique qui eut son heure de gloire dans les années 1920 et qui n'a, par la suite, jamais produit autre chose que d'inoffensifs volumes de marxologie. Au reste, la récente fortune du terme "ultragauche" qui a permis à certains journalistes pressés de cataloguer sans coup férir les émeutiers grecs de décembre dernier doit beaucoup au fait que nul ne sache ce que fut l'ultragauche, ni même qu'elle ait jamais existé.

A ce point, et en prévision des débordements qui ne peuvent que se systématiser face aux provocations d'une oligarchie mondiale et française aux abois, l'utilité policière de ces catégories ne devrait bientôt plus souffrir de débats. On ne saurait prédire, cependant, lequel d'"anarcho-autonome" ou d'"ultragauche" emportera finalement les faveurs du Spectacle, afin de reléguer dans l'inexplicable une révolte que tout justifie.

La police vous considère comme le chef d'un groupe sur le point de basculer dans le terrorisme. Qu'en pensez-vous?

Une si pathétique allégation ne peut être le fait que d'un régime sur le point de basculer dans le néant.

Que signifie pour vous le mot terrorisme?

Rien ne permet d'expliquer que le département du renseignement et de la sécurité algérien suspecté d'avoir orchestré, au su de la DST, la vague d'attentats de 1995 ne soit pas classé parmi les organisations terroristes internationales. Rien ne permet d'expliquer non plus la soudaine transmutation du "terroriste" en héros à la Libération, en partenaire fréquentable pour les accords d'Evian, en policier irakien ou en "taliban modéré" de nos jours, au gré des derniers revirements de la doctrine stratégique américaine.

Rien, sinon la souveraineté. Est souverain, en ce monde, qui désigne le terroriste. Qui refuse d'avoir part à cette souveraineté se gardera bien de répondre à votre question. Qui en convoitera quelques miettes s'exécutera avec promptitude. Qui n'étouffe pas de mauvaise foi trouvera un peu instructif le cas de ces deux ex – "terroristes" devenus l'un premier ministre d'Israël, l'autre président de l'Autorité palestinienne, et ayant tous deux reçus, pour comble, le Prix Nobel de la paix.

Le flou qui entoure la qualification de "terrorisme", l'impossibilité manifeste de le définir ne tiennent pas à quelque provisoire lacune de la législation française : ils sont au principe de cette chose que l'on peut, elle, très bien définir : l'antiterrorisme dont ils forment plutôt la condition de fonctionnement. L'antiterrorisme est une technique de gouvernement qui plonge ses racines dans le vieil art de la contre-insurrection, de la guerre dite "psychologique", pour rester poli.

L'antiterrorisme, contrairement à ce que voudrait insinuer le terme, n'est pas un moyen de lutter contre le terrorisme, c'est la méthode par quoi l'on produit, positivement, l'ennemi politique en tant que terroriste. Il s'agit, par tout un luxe de provocations, d'infiltrations, de surveillance, d'intimidation et de propagande, par toute une science de la manipulation médiatique, de l'"action psychologique", de la fabrication de preuves et de crimes, par la fusion aussi du policier et du judiciaire, d'anéantir la "menace subversive" en associant, au sein de la population, l'ennemi intérieur, l'ennemi politique à l'affect de la terreur.

L'essentiel, dans la guerre moderne, est cette "bataille des cœurs et des esprits" où tous les coups sont permis. Le procédé élémentaire, ici, est invariable : individuer l'ennemi afin de le couper du peuple et de la raison commune, l'exposer sous les atours du monstre, le diffamer, l'humilier publiquement, inciter les plus vils à l'accabler de leurs crachats, les encourager à la haine. "La loi doit être utilisée comme simplement une autre arme dans l'arsenal du gouvernement et dans ce cas ne représente rien de plus qu'une couverture de propagande pour se débarrasser de membres indésirables du public. Pour la meilleure efficacité, il conviendra que les activités des services judiciaires soient liées à l'effort de guerre de la façon la plus discrète possible", conseillait déjà, en 1971, le brigadier Frank Kitson [ancien général de l'armée britannique, théoricien de la guerre contre-insurrectionelle], qui en savait quelque chose.

Une fois n'est pas coutume, dans notre cas, l'antiterrorisme a fait un four. On n'est pas prêt, en France, à se laisser terroriser par nous. La prolongation de ma détention pour une durée "raisonnable" est une petite vengeance bien compréhensible au vu des moyens mobilisés, et de la profondeur de l'échec; comme est compréhensible l'acharnement un peu mesquin des "services", depuis le 11 novembre, à nous prêter par voie de presse les méfaits les plus fantasques, ou à filocher le moindre de nos camarades. Combien cette logique de représailles a d'emprise sur l'institution policière, et sur le petit cœur des juges, voilà ce qu'auront eu le mérite de révéler, ces derniers temps, les arrestations cadencées des "proches de Julien Coupat".

Il faut dire que certains jouent, dans cette affaire, un pan entier de leur lamentable carrière, comme Alain Bauer [criminologue], d'autres le lancement de leurs nouveaux services, comme le pauvre M. Squarcini [directeur central du renseignement intérieur], d'autres encore la crédibilité qu'ils n'ont jamais eue et qu'ils n'auront jamais, comme Michèle Alliot-Marie.

Vous êtes issu d'un milieu très aisé qui aurait pu vous orienter dans une autre direction…

"Il y a de la plèbe dans toutes les classes" (Hegel).

Pourquoi Tarnac?

Allez-y, vous comprendrez. Si vous ne comprenez pas, nul ne pourra vous l'expliquer, je le crains.

Vous définissez-vous comme un intellectuel? Un philosophe ?

La philosophie naît comme deuil bavard de la sagesse originaire. Platon entend déjà la parole d'Héraclite comme échappée d'un monde révolu. A l'heure de l'intellectualité diffuse, on ne voit pas ce qui pourrait spécifier "l'intellectuel", sinon l'étendue du fossé qui sépare, chez lui, la faculté de penser de l'aptitude à vivre. Tristes titres, en vérité, que cela. Mais, pour qui, au juste, faudrait-il se définir?

Etes-vous l'auteur du livre L'insurrection qui vient ?

C'est l'aspect le plus formidable de cette procédure : un livre versé intégralement au dossier d'instruction, des interrogatoires où l'on essaie de vous faire dire que vous vivez comme il est écrit dans L'insurrection qui vient, que vous manifestez comme le préconise L'insurrection qui vient, que vous sabotez des lignes de train pour commémorer le coup d'Etat bolchevique d'octobre 1917, puisqu'il est mentionné dans L'insurrection qui vient, un éditeur convoqué par les services antiterroristes.

De mémoire française, il ne s'était pas vu depuis bien longtemps que le pouvoir prenne peur à cause d'un livre. On avait plutôt coutume de considérer que, tant que les gauchistes étaient occupés à écrire, au moins ils ne faisaient pas la révolution. Les temps changent, assurément. Le sérieux historique revient.

Ce qui fonde l'accusation de terrorisme, nous concernant, c'est le soupçon de la coïncidence d'une pensée et d'une vie; ce qui fait l'association de malfaiteurs, c'est le soupçon que cette coïncidence ne serait pas laissée à l'héroïsme individuel, mais serait l'objet d'une attention commune. Négativement, cela signifie que l'on ne suspecte aucun de ceux qui signent de leur nom tant de farouches critiques du système en place de mettre en pratique la moindre de leurs fermes résolutions; l'injure est de taille. Malheureusement, je ne suis pas l'auteur de L'insurrection qui vient – et toute cette affaire devrait plutôt achever de nous convaincre du caractère essentiellement policier de la fonction auteur.

J'en suis, en revanche, un lecteur. Le relisant, pas plus tard que la semaine dernière, j'ai mieux compris la hargne hystérique que l'on met, en haut lieu, à en pourchasser les auteurs présumés. Le scandale de ce livre, c'est que tout ce qui y figure est rigoureusement, catastrophiquement vrai, et ne cesse de s'avérer chaque jour un peu plus. Car ce qui s'avère, sous les dehors d'une "crise économique", d'un "effondrement de la confiance", d'un "rejet massif des classes dirigeantes", c'est bien la fin d'une civilisation, l'implosion d'un paradigme : celui du gouvernement, qui réglait tout en Occident – le rapport des êtres à eux-mêmes non moins que l'ordre politique, la religion ou l'organisation des entreprises. Il y a, à tous les échelons du présent, une gigantesque perte de maîtrise à quoi aucun maraboutage policier n'offrira de remède.

Ce n'est pas en nous transperçant de peines de prison, de surveillance tatillonne, de contrôles judiciaires, et d'interdictions de communiquer au motif que nous serions les auteurs de ce constat lucide, que l'on fera s'évanouir ce qui est constaté. Le propre des vérités est d'échapper, à peine énoncées, à ceux qui les formulent. Gouvernants, il ne vous aura servi de rien de nous assigner en justice, tout au contraire.

Vous lisez "Surveiller et punir" de Michel Foucault. Cette analyse vous paraît-elle encore pertinente?

La prison est bien le sale petit secret de la société française, la clé, et non la marge des rapports sociaux les plus présentables. Ce qui se concentre ici en un tout compact, ce n'est pas un tas de barbares ensauvagés comme on se plaît à le faire croire, mais bien l'ensemble des disciplines qui trament, au-dehors, l'existence dite "normale". Surveillants, cantine, parties de foot dans la cour, emploi du temps, divisions, camaraderie, baston, laideur des architectures : il faut avoir séjourné en prison pour prendre la pleine mesure de ce que l'école, l'innocente école de la République, contient, par exemple, de carcéral.

Envisagée sous cet angle imprenable, ce n'est pas la prison qui serait un repaire pour les ratés de la société, mais la société présente qui fait l'effet d'une prison ratée. La même organisation de la séparation, la même administration de la misère par le shit, la télé, le sport, et le porno règne partout ailleurs avec certes moins de méthode. Pour finir, ces hauts murs ne dérobent aux regards que cette vérité d'une banalité explosive : ce sont des vies et des âmes en tout point semblables qui se traînent de part et d'autre des barbelés et à cause d'eux.

Si l'on traque avec tant d'avidité les témoignages "de l'intérieur" qui exposeraient enfin les secrets que la prison recèle, c'est pour mieux occulter le secret qu'elle est : celui de votre servitude, à vous qui êtes réputés libres tandis que sa menace pèse invisiblement sur chacun de vos gestes.

Toute l'indignation vertueuse qui entoure la noirceur des geôles françaises et leurs suicides à répétition, toute la grossière contre-propagande de l'administration pénitentiaire qui met en scène pour les caméras des matons dévoués au bien-être du détenu et des directeurs de tôle soucieux du "sens de la peine", bref : tout ce débat sur l'horreur de l'incarcération et la nécessaire humanisation de la détention est vieux comme la prison. Il fait même partie de son efficace, permettant de combiner la terreur qu'elle doit inspirer avec son hypocrite statut de châtiment "civilisé". Le petit système d'espionnage, d'humiliation et de ravage que l'Etat français dispose plus fanatiquement qu'aucun autre en Europe autour du détenu n'est même pas scandaleux. L'Etat le paie chaque jour au centuple dans ses banlieues, et ce n'est de toute évidence qu'un début : la vengeance est l'hygiène de la plèbe.

Mais la plus remarquable imposture du système judiciaro-pénitentiaire consiste certainement à prétendre qu'il serait là pour punir les criminels quand il ne fait que gérer les illégalismes. N'importe quel patron – et pas seulement celui de Total –, n'importe quel président de conseil général – et pas seulement celui des Hauts-de-Seine–, n'importe quel flic sait ce qu'il faut d'illégalismes pour exercer correctement son métier. Le chaos des lois est tel, de nos jours, que l'on fait bien de ne pas trop chercher à les faire respecter et les stups, eux aussi, font bien de seulement réguler le trafic, et non de le réprimer, ce qui serait socialement et politiquement suicidaire.Le partage ne passe donc pas, comme le voudrait la fiction judiciaire, entre le légal et l'illégal, entre les innocents et les criminels, mais entre les criminels que l'on juge opportun de poursuivre et ceux qu'on laisse en paix comme le requiert la police générale de la société. La race des innocents est éteinte depuis longtemps, et la peine n'est pas à ce à quoi vous condamne la justice : la peine, c'est la justice elle-même, il n'est donc pas question pour mes camarades et moi de "clamer notre innocence", ainsi que la presse s'est rituellement laissée aller à l'écrire, mais de mettre en déroute l'hasardeuse offensive politique que constitue toute cette infecte procédure. Voilà quelques-unes des conclusions auxquelles l'esprit est porté à relire Surveiller et punir depuis la Santé. On ne saurait trop suggérer, au vu de ce que les Foucaliens font, depuis vingt ans, des travaux de Foucault, de les expédier en pension, quelque temps, par ici.

Comment analysez-vous ce qui vous arrive?

Détrompez-vous : ce qui nous arrive, à mes camarades et à moi, vous arrive aussi bien. C'est d'ailleurs, ici, la première mystification du pouvoir : neuf personnes seraient poursuivies dans le cadre d'une procédure judiciaire "d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", et devraient se sentir particulièrement concernées par cette grave accusation. Mais il n'y a pas d'"affaire de Tarnac" pas plus que d'"affaire Coupat", ou d'"affaire Hazan" [éditeur de L'insurrection qui vient]. Ce qu'il y a, c'est une oligarchie vacillante sous tous rapports, et qui devient féroce comme tout pouvoir devient féroce lorsqu'il se sent réellement menacé. Le Prince n'a plus d'autre soutien que la peur qu'il inspire quand sa vue n'excite plus dans le peuple que la haine et le mépris.

Ce qu'il y a, c'est, devant nous, une bifurcation, à la fois historique et métaphysique: soit nous passons d'un paradigme de gouvernement à un paradigme de l'habiter au prix d'une révolte cruelle mais bouleversante, soit nous laissons s'instaurer, à l'échelle planétaire, ce désastre climatisé où coexistent, sous la férule d'une gestion "décomplexée", une élite impériale de citoyens et des masses plébéiennes tenues en marge de tout. Il y a donc, bel et bien, une guerre, une guerre entre les bénéficiaires de la catastrophe et ceux qui se font de la vie une idée moins squelettique. Il ne s'est jamais vu qu'une classe dominante se suicide de bon cœur.

La révolte a des conditions, elle n'a pas de cause. Combien faut-il de ministères de l'Identité nationale, de licenciements à la mode Continental, de rafles de sans-papiers ou d'opposants politiques, de gamins bousillés par la police dans les banlieues, ou de ministres menaçant de priver de diplôme ceux qui osent encore occuper leur fac, pour décider qu'un tel régime, même installé par un plébiscite aux apparences démocratiques, n'a aucun titre à exister et mérite seulement d'être mis à bas ? C'est une affaire de sensibilité.

La servitude est l'intolérable qui peut être infiniment tolérée. Parce que c'est une affaire de sensibilité et que cette sensibilité-là est immédiatement politique (non en ce qu'elle se demande "pour qui vais-je voter ?", mais "mon existence est-elle compatible avec cela ?"), c'est pour le pouvoir une question d'anesthésie à quoi il répond par l'administration de doses sans cesse plus massives de divertissement, de peur et de bêtise. Et là où l'anesthésie n'opère plus, cet ordre qui a réuni contre lui toutes les raisons de se révolter tente de nous en dissuader par une petite terreur ajustée.

Nous ne sommes, mes camarades et moi, qu'une variable de cet ajustement-là. On nous suspecte comme tant d'autres, comme tant de "jeunes", comme tant de "bandes", de nous désolidariser d'un monde qui s'effondre. Sur ce seul point, on ne ment pas. Heureusement, le ramassis d'escrocs, d'imposteurs, d'industriels, de financiers et de filles, toute cette cour de Mazarin sous neuroleptiques, de Louis Napoléon en version Disney, de Fouché du dimanche qui pour l'heure tient le pays, manque du plus élémentaire sens dialectique. Chaque pas qu'ils font vers le contrôle de tout les rapproche de leur perte. Chaque nouvelle "victoire" dont ils se flattent répand un peu plus vastement le désir de les voir à leur tour vaincus. Chaque manœuvre par quoi ils se figurent conforter leur pouvoir achève de le rendre haïssable. En d'autres termes : la situation est excellente. Ce n'est pas le moment de perdre courage.

Propos de Julien Coupat recueillis par Isabelle Mandraud et Caroline Monnot pour le Monde

vendredi 15 mai 2009

...



Moi le début, toi la fin, ou le contraire?

mardi 5 mai 2009

2ème projection



On projette Seguir Luchando Para Seguir Existiendo
samedi 9 Mai lors d'un évenement sur le peuple Mapuche
qui se passera à la salle des fêtes de la mairie du 14ème.

La projection est prévue à 18h30, vous avez toutes les
infos sur le flyer juste au dessus.

C'est la première "sortie officielle" du film, lol.
Vous êtes tous les bienvenus, la projection sera suivie
d'un débat en présence des réalisateurs (hum hum),
mais aussi tout un tas d'autres choses :
concert, débats, etc ...

En espérant vous voir sur place,

Abrazos solidarios,

Joffrey et Christophe.

samedi 2 mai 2009

Ska-P apporte son soutien au peuple Mapuche et Elena Varela


Ska-P soutient les Mapuche et Elena Varela

Lors de son passage au Zenith de Paris le 29 Avril, Ska-P a souhaité donner la parole à l'association Terre et Liberté pour Arauco. Christophe a eu quelques minutes sur scène pour sensibiliser le public à lutte du peuple Mapuche et au cas d'Elena Varela, cinéaste chilienne que l'on avait rencontré dans la communauté de Temucuicui, et qui s'est fait arrêté quelques temps après notre départ. Alors que son procès débute, elle risque 15 ans de prison par un grossier montage judiciaire de l'état chilien. Son seul tort (comme le notre) a été de vouloir réalisé un documentaire sur le conflit Mapuche.

Témoignage d'Elena Varela:

jeudi 30 avril 2009

En cette veille de 1er mai...


Un site contributif, un peu mal foutu mais plutôt ambitieux, de beaux textes, des chansons, des interviews, des poèmes censurés, des faits peu médiatisés et cette vieille phrase en exergue: "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs"...
Ce n'est qu'un début, continuons le combat ?

http://revoltes.net/

mardi 21 avril 2009

lundi 13 avril 2009

"Mais le chat, ne veut être que le chat"

L'homme voudrait être poisson et oiseau,
Le serpent voudrait avoir des ailes,
Le chien est un lion désorienté,
L'ingénieur veut être poète,
La mouche étudie pour devenir hirondelle,
Le poète essaie d'imiter la mouche,
Mais le chat,
Ne veut être que le chat,
Et chaque chat est chat,
De la tête à la queue.

Pablo Neruda.

A ceux qui ont rencontré des "tigres", aux allergiques, aux amoureux: un beau documentaire (diffusé cette nuit sur Arte à 3h) , un beau conte sur la liberté individuelle...

La voie du chat.
(Allemagne, France, 2008, 90mn)
ZDF
Réalisateur: Myriam Tonelotto

Disponible une semaine sur le site Arte+7

vendredi 3 avril 2009

Première projection



PS: tout le monde est bienvenu, à condition de m'avertir
de votre venue pour que l'on sache combien de personnes
on doit attendre. Et aussi pour qu'on vous envoie
la belle invit'.

lundi 16 mars 2009

JAM'DOWN JAMAICAN SOUNDS Mercredi 18 Mars

Ce serait bien trop long d'expliquer le pourquoi du comment,
on va faire simple et rapide: on vous convie à une soirée Mercredi 18 Mars,
une soirée organisée par des amis d'un ami (le gars qui lit Baudelaire
juste en dessous, Mister Johny) ; le but de la soirée étant de
récolter des fonds pour un projet d'orphelinat au Pérou, et tout ça
en écoutant du son en live et en buvant des coups pas trop chers.

Tout est dit ? On dirait.

Pour en savoir plus sur le projet d'orphelinat, www.aldeayanapay.org
Et pour avoir une idée du son, www.myspace.com/happytunesound



Hetfeelds Bar, mercredi 18 Mars, à partir de 20 heures.
17 Bld Poissonière Paris 2, m° Grands Boulevards.

En espérant vous voir sur place.

lundi 9 mars 2009

mardi 3 mars 2009

Pete Doherty



Le bonhomme termine un album solo, Grace/Wastelands,
(ndlr: album sorti, à écouter en entier sur sa page myspace)

En attendant,
le clip de Last Of The English Roses,
et le titre (offert) New Love Grows On Trees.

A voir aussi, un site un peu loufoque, un bric à broc ou l'on trouve
pas mal de choses (faces B, vidéos amateur, démos) et notamment
un live de Pete Doherty au Royal Albert Hall en décembre 2008.

dimanche 1 mars 2009

Morceau Choisi


" When they kick out your front door

How you gonna come ?
With your hands on your head
Or on the trigger of your gun ?

When the law break in
How you gonna go?
Shot down on the pavement
Or waiting on death row ? "


Guns Of Brixton - The Clash

Ou la cover' de Nouvelle Vague, hé hé ..

mercredi 25 février 2009

John & Jehn


John & Jehn - 20L07

Pour ceux qui accrochent, le titre au format MP3.
(click droit, enregistrer la cible du lien sous.. )

mardi 24 février 2009

Chavez le "populiste"

Populiste, illégitime, antisémite, apprenti dictateur. Quel procès d'intention n'a t'on pas encore intenté à Hugo Chavez ? Qu'une voie discordante se fasse entendre, tombe aussitôt la condamnation, unanime et définitve, des gouvernements occidentaux, condamnation reprise en chœur par les médias de ces mêmes pays.

On voudrait limiter Hugo Chavez à ces à prioris réducteurs, mensongers pour la plupart, et surtout très éloignés d'une réalité (celle d'un pays, celle d'un continent) que l'on se garde bien d'essayer de comprendre. (oui, les états unis sont une menace et rappeler le coup d'état de Pinochet au Chili n'est pas un rappel en vain)

On a trop facilement oublié que c'est l'un des seuls chefs d'état (peut-être le seul, d'ailleurs) à avoir adopté une position claire et sans appel face à l'offensive Israélienne dans la bande de Gaza.

Voilà qu'une des rares émissions télé de qualité (qui se comptent sur les doigts d'une main) donne lieu à un vrai débat sur Hugo Chavez, débat éclairé où sont laissés de côté égocentrismes et à prioris, et où sont posés les questions de fond. Histoire que chacun puisse se faire une idée propre sur l'action et le personnage d'Hugo Chavez.


Il ne s'agit pas d'adorer Hugo Chavez, simplement de savoir reconnaitre ce qu'il a accomplit et ce pour quoi, au nom d'un peuple et légitimement, il lutte.

(PS : un post de plus pour essayer de palier à la connerie et à la suffisance du discours ambiant, et de m'énerver à chaque fois de voir les journalistes jouer un rôle de répétiteurs, et non de contradicteurs. Ont-ils aussi si peu d'estime pour leur métier, à les voir s'acoquiner de la sorte avec les idées dominantes et les puissants ?)

dimanche 22 février 2009

The Lost Paris Tapes' Morceau Choisi



" No, do ..
No, do a real song man ..
How about this one ?
Listen, i got a favourite
I wrote this myself ..

Well I use to know someone fair
She had orange ribbons in her hair
She was such a trip
She was hardly there

But I love her just the same .. "

Jim Morrison's Lost Paris Tapes,

Enjoy.

samedi 21 février 2009

De la (géniale) utilité du terrorisme - 2ème partie


Terroristes
, les résistants pendant la seconde guerre mondiale.
Terroristes, ceux dont les révolutions échouent.
Terroristes, ceux qui répondent par la violence insurrectionnelle à la violence institutionnelle.
Terroristes enfin, tous ceux (vous, moi) qui pensent, agissent et s’organisent en dehors du carcan de la loi.

Que l’on fasse peser sur vous l’accusation de terrorisme, vous n’êtes plus un homme.
Le terroriste n’a pas droit à la justice, le terroriste n’a droit à rien, ni droits aucuns.
Le terroriste n’est pas présumé innocent, il est présumé terroriste.
On ne discute pas avec un terroriste, le terroriste n’est pas doué de raison.
Le terroriste est un fanatique. On l’abat, ou au pire, on l’enferme.

Contre les présumés terroristes, tout devient permis, surtout le pire.

Contre les présumés terroristes, les démocraties assassinent, torturent et emprisonnent sans jugement.

Contre les présumés terroristes, les démocraties piétinent sans vergogne leurs prétendus textes et principes fondateurs, à savoir les lois, les constitutions, le droit et les conventions internationales.

Faites ce que je dis, pas ce que je fais

A t-on trouvé plus efficace, dans nos démocraties modernes, que l’accusation de terrorisme pour isoler, diaboliser et décapiter (au sens propre comme au sens figuré) un mouvement de révolte, une insurrection populaire ?

A t-on trouvé plus efficace, dans nos démocraties modernes, que l’invocation de la menace terroriste pour distiller la peur, impacter les consciences, rendre dociles les esprits et domestiquer une population ?

terreur peur collective que l’on fait régner sur une population pour briser sa résistance

Parallèlement à la criminalisation croissante des luttes sociales, on essaye de créer la confusion entre terrorisme et violence légitime. Il n'y a de violence légitime que celle qu'on nous oppose, nous assène t-on, même lorsque celle-ci est utilisée à tort et à travers, même lorsque celle-ci est utilisée de manière totalement disproportionnée, abusive, et, précisément, illégitime.

Depuis que Marx nous a aidé à comprendre que « l’état est l’organe de domination d’une classe sur une autre », on ne peut accepter que ce même état s’arroge le monopole de la violence légitime.

Affranchissons-nous du concept de légalité (ce que l’on nous autorise à), articulons nos actions et nos réflexions autour de celui de légitimité (ce que nous estimons juste, ou justifié).

Mieux vaut vivre à la marge que mourir au milieu

Il doit y avoir combat à chaque fois qu'on nous refuse le débat.

Il doit y avoir combat à chaque fois que matraques et fusils répondent à nos cris de révolte.

Affirmons-nous comme puissances de vie, comme forces pensantes et agissantes, réapproprions nous les savoirs, partageons les connaissances, amplifions les révoltes ici et là, soyons autodidactes, matérialisons les conditions de notre propre autonomie, créons les espaces de liberté, aux espaces de droit préférons les espaces de vie, soyons conséquents, multiplions les possibilités, refusons les acquis, bannissons la morosité ambiante, choisissons l’humain, et de tout un chacun, exacerbons sa capacité à créer, à résister, à penser, à s’organiser, à s’autodéterminer, à aimer ;

Peut-être alors serons-nous capables d’envisager le rapport à l’autre sous un prisme différent, un rapport basé non plus sur la nécessité mais sur la solidarité.

La route est longue, le combat difficile, mais les camarades sont nombreux.

The old get old
And the young get stronger
May take a week
And it may take longer
They got the guns
But we got the numbers
Gonna win, yeah
We're takin' over
Come on !


(Ce texte devait être une suite à De l’utilité du terrorisme, c’est tout autant une suite à L’illusion démocratique, et surtout une digression en bonne et due forme. Dérapage il y a eu, contrôlé ou pas)

Newen Peni

samedi 14 février 2009

Couch USA

Portrait d'une jeunesse américaine. Réalisé par 2 amis lors d'un road trip aux Etats Unis en octobre 2007.

http://www.cinema-boycott.org/

jeudi 12 février 2009

Morceau Choisi


" I would have given you all of my heart
But there's someone who's torn it apart
And she's takin almost all that I've got
But if you want I'll try to love again
Baby I'll try to love again but I know

The first cut is the deepest, Baby I know
The first cut is the deepest

Cause when it comes to being lucky she's cursed
When it comes to loving me she's worst
But when it comes to being loved she's first
That's how I know

The fisrt cut is the deepest, Baby I know
The first cut is the deepest

I still want you by my side
Just to help me dry the tears that I cried
Cause I'm sure gonna give you a try
And if you want I'll try to love again
But baby I'll try to love again but I know

The first cut is the deepest, Baby I know
The first cut is the deepest "


Cat Stevens - The First Cut Is The Deepest

lundi 9 février 2009

De l'utilité du terrorisme - 1ère partie

Voilà maintenant quelques semaines qu'a cessé l'offensive Israélienne à Gaza, que les chars sont partis, laissant derrière eux tristesse et désolation. (Une guerre me direz-vous, même si celle là était particulièrement crade).

Cette intervention, sauf erreur de ma part, avait pour but de faire cesser les tirs de roquette du Hamas (ces terroristes) sur Israël. C'est ainsi qu'Israël a justifié son offensive.

Simplement, je ne peux m'empêcher de me demander,
À qui profite le crime (de guerre) ?


Il est bien difficile de voir en cette intervention meurtrière ( 1315 tués, 5320 blessés ) ne serait-ce que le début d'une solution, ou même l'amorce d'un hypothétique dialogue.
Qu'estime t-on avoir résolu ? Et surtout, qu'espère t-on voir émerger de ces ruines ?
Pas besoin d'être fin analyste politique pour savoir que les enfants de Gaza, ceux qui ont aujourd'hui pour seul décor champs de ruines et désolation, qui ne connaissent d'Israël que son armée, ses chars et ses obus, ces enfants là, à qui on a enlevé tout espoir, seront les premiers dans quelques années (et ferions-nous autre chose ?) à vouloir attenter par tous les moyens contre l'état d'Israël et sa population. Comment peut-on imaginer une seule seconde que cette génération, celle qui grandira sur les décombres de cette guerre, sera demain capable d'agir avec calme et sérénité, et saura prendre assez de recul pour engager le dialogue avec le camp d'en face ?
J'ai la triste conviction que dans ces ruines grandissent aujourd'hui les enfants qui viendront demain grossir les rangs du Hamas, jeunes adultes qui agiront sans espoir mais remplis de haine.
En intervenant militairement de la sorte, Israël pose et entretient les conditions de sa propre agression, et après avoir semé le chaos, elle continue à enfermer et à affamer ces populations, pour que les plaies ne se referment pas, comme pour prolonger l'agonie.

Certains tomberont dans la haine, choisiront l'affrontement, choisiront les armes, encore.

Et ce terrorisme donnera toute légitimité à Israël pour continuer à intervenir militairement, étouffant le débat, empêchant tout dialogue (on ne discute pas avec les terroristes) et repoussant toujours plus loin la possibilité d'une paix juste et concertée.
C'est à se demander si Israël cherche vraiment la paix. En attendant, (en attendant quoi ?!) l'oppression militaire et l'occupation des territoires palestiniens continuera.
Les forces militaires en présence sont tellement inégales (jetez un cailloux, on vous enverra les chars) qu'aucun changement n'est envisageable tant que l'on reste dans une telle logique d'affrontement.
Exacerber un peu plus les souffrances, attiser la haine, et faire perdurer le terrorisme, excuse ultime devant les crimes d'Israël.

Le terrorisme comme légitimation du pire, comme justification de l'inacceptable.

De la géniale utilité du terrorisme, je vous disais.

samedi 7 février 2009

vendredi 30 janvier 2009

lundi 26 janvier 2009

Réminiscence

Vingt ans plus tôt, quelque part, sur un boulevard du 19ème arrondissement…

J’ai aimé des gens étranges…

Ils avaient fait un film dans lequel, au crépuscule écarlate, un « loup-gentil » protégeait une petite fille noire et blanche…

Extrait.



Andalucia



C'était l'été, toujours l'été. Ainsi en avait-elle décidé.

Ni le temps, ni les saisons n'avaient d'emprise sur elle.
Elle, c'était une fille insaisissable, une fille bondissante.
Une fille du matin, une fille du soir, un astre de la nuit.
Elle habitait les paysages, dessinait les horizons, esquissait
les perspectives, inventait les points de fuite.
Elle virevoltait du soir au matin, et du matin au soir.
Ses pas étaient autant de notes, autant de mélodies qui
raisonnaient alentour.
Elle avait le soleil pour compagnon, lui seul pouvait la
suivre dans ses rondes interminables. Le vent lui même se
laissait emporter par son tourbillon.
C'était une fille d'ailleurs, elle n'était pas comme vous et moi,
elle n'était jamais ici. Elle venait d'ailleurs et allait ailleurs.
Toujours ailleurs, jamais là, elle ne connaissait pas la gravité,
on ne lui avait pas expliqué, ou peut être n'avait elle pas voulu
savoir, cette terrible gravité qui écrase les gens et les choses,
qui fait la pesanteur et la fatigue, qui rend possible les collisions.
Tout ça ne la regardait pas.

Elle ne fuyait rien mais échappait à tout.
Une chimère, une muse qu'aucun artiste
n'avait su retenir, ni même capturer.

C'était la liberté, cette fille-là.

Et ainsi qu'elle l'avait décidé,
c'était l'été, toujours l'été.

(photo: Floriane Boillot)

mercredi 21 janvier 2009

Festival de Cannes, année 68



" Je vous parle solidarité avec les étudiants et les ouvriers,
et vous me parlez travelling et gros plan,
Vous êtes des cons ! "

Jean-Luc Godard

dimanche 18 janvier 2009

Godard, le cinéma et les ouvriers



"Il ne faut pas faire du cinéma politique, mais faire politiquement du cinéma."

Jean-Luc Godard

samedi 17 janvier 2009

jeudi 15 janvier 2009

Chili : un prisonnier politique est prêt à vendre son rein pour pouvoir clamer son innocence.


Jaime, 29 ans, sculpteur sur bois, est Mapuche ce qui signifie « Peuple de la Terre ». La Terre pour lui c’est notre Mère à tous puisqu’elle nous donne la vie. La respecter est la base de sa philosophie. C’est ce que son peuple fait depuis des millénaires dans le cône Sud du continent latino-américain. Seulement voilà depuis un peu plus d’un siècle et demi, les mapuches ont vu débarquer des individus ayant une conception bien différente de la sienne. Au nom du progrès, de la civilisation et de la croissance, ils les ont expulsés de leur terres puis ont détruit les bois naturels, asséché les nappes phréatiques et pollué les rivières.

Or la terre est au mapuche ce que la société de consommation est aux occidentaux. L’en priver c’est le tuer culturellement et l’humilier socialement.

Au début des années 90 un mouvement de lutte pour la restitution des terres ancestrales fait son apparition au sein des communautés mapuches au Chili. Ils demandent l’expulsion des multinationales forestières qui squattent leurs terres et menacent l’environnement. Face à un conflit qui gagne la région et menace ses intérêts économiques, l’Etat chilien déterre la loi antiterroriste de Pinochet, rappelant alors les heures les plus sombres de la dictature. C’est le temps des procès politiques où les leaders sont systématiquement condamnés pour des peines allant jusqu’à 20 ans de prison. Jaime est emprisonné à six reprises en 1999, 2000, 2001, 2005, 2006 et 2007.

Envoyé en prison à six reprises pour avoir revendiquer ses droits, il entre en clandestinité.

Libéré en décembre 2007 il est de nouveau réclamé par les juges 15 jours à peine après sa sortie pour des faits datant de 2006 ! Il décide cette fois de ne pas se présenter devant cette justice qui mène directement en prison. « Un mapuche qui réclame ses terres n’a aucune chance de gagner un procès au Chili » me confiait-il en mars dernier. Il rentre alors en clandestinité comme d’autres l’ont fait avant lui. Les conditions de vies sont difficiles, il ne dort pas la nuit, l’hygiène manque terriblement. En septembre dernier il est victime d’une pancréatite et n’a d’autre choix que de se rendre à l’hôpital pour éviter la mort. Là bas il est appréhendé par la police. Enchainé sur son lit et placé sous haute surveillance il subit trois opérations chirurgicales. A peine rétabli il sera transféré à la prison d’Angol dans l’attente de son procès.

Atteint d’une pancréatite, il se rend aux autorités pour éviter la mort.

« A chaque fois ils n’ont rien contre nous, aucune preuve à part la parole des latifundistes. Mais cela suffit pour nous faire condamner. Les juges et la police ont toujours pris parti pour les propriétaires terriens. De surcroit ils ont les meilleurs avocats quand le notre, commis d’office, n’existe que pour la forme ». Accusé d’avoir incendié la grange d’un notable régional en 2006 et bien que le dossier soit vide, Jaime qui risque une peine de 5 à 7 ans de prison a de quoi être inquiet. Las de cette mascarade, il vient de répudier son avocat commis d’office qui ne prêtait que peu d’attention à son cas. Pour dénoncer l’absence de procès équitable dont sont victimes les mapuches, il voulait entamer une grève de la faim. L’année dernière Patricia Troncoso, condamnée à 10 ans de prison pour terrorisme (sic), avait alerté l’opinion internationale sur le sort des dirigeants mapuches en menant une grève de la faim interminable de 112 jours sans que les autorités chiliennes n’éprouvent la moindre compassion.

Mais Jaime qui vient de subir trois opérations chirurgicales est trop faible physiquement pour se lancer dans une telle entreprise.

Pour alerter sur sa situation et celle de son peuple il pousse la logique du « monde civilisé » jusqu’au bout : la justice est avant tout une question d’argent, chose dont il est personnellement dépourvu. Mais puisque dans ce monde tout se monnaye, il lui reste à vendre un de ses organes pour se payer un avocat capable de plaider sa cause.

Le 11 janvier 2009 il lança un appel pour annoncer la mise en vente d’un de ses reins. La recette lui permettra de payer les honoraires d’un avocat privé et d’être véritablement défendu dans une affaire où il se réclame innocent depuis le début. Cette annonce qui semble insensée appelle bien entendu à l’effroi, à la révolte et à la réflexion.

Quelle justice condamne un homme à six reprises pour avoir revendiquer ses droits ? Pourquoi un homme innocent préfère-t-il entrer en clandestinité pendant plusieurs années plutôt que de se présenter devant la justice ? De quelle justice parle-t-on quand un homme songe à vendre son rein pour pouvoir clamer son innocence ?

Non Jaime n’as pas perdu la tête, il n’a juste pas d’autre moyen à l’heure actuelle pour dénoncer le système qui tue son peuple à petit feu. Oui c’est effroyable et oui c’est révoltant.

Aguante Huenchullan !

mardi 13 janvier 2009

Morceau choisi

" Je veux vivre dans un monde où les êtres seront seulement humains, sans autre titre que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette. Je veux qu'on puisse rentrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries. Je veux qu'on attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser. Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la Mairie. (...) Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde puisse parler, lire, écouter, s'épanouir. Je n'ai jamais compris la lutte autrement que comme un moyen d'en finir avec la lutte. Je n'ai jamais compris la rigueur autrement que comme un moyen d'en finir avec la rigueur. J'ai pris un chemin car je crois que ce chemin nous conduit tous à cette aménité permanente. Je combats pour cette bonté générale, multipliée, inépuisable. (...) J'écris ces lignes en sachant bien que sur nos têtes, sur toutes les têtes, plane le danger de la bombe atomique, de la catastrophe nucléaire qui ne laisserait personne, qui ne laisserait rien sur la terre. De toute façon, cela ne refroidit pas mon espoir. En cet instant critique, en ce clignotement d'agonie, nous savons que la lumière définitive entrera dans les yeux entrouverts. Nous nous comprendrons tous. Nous progresserons ensemble. Et cet espoir est irrévocable. "

Pablo Neruda - J'avoue que j'ai vécu


" Et cet espoir est irrévocable."

lundi 12 janvier 2009

Le murmure de la rue



Il faisait froid, un froid glacial. Un jour à rester chez soi. Pourtant, nous étions là. Nous les gens. Beaucoup de gens. Des gens qui avaient oublié le froid, et qui avaient oublié l'indifférence, et qui avaient oublié le silence. Des gens qui étaient là, incroyablement nombreux, et qui disaient, et qui criaient, et qui gueulaient des choses, beaucoup de choses.

Nous sommes tous des palestiniens

Israël assassin,
Sarkozy complice

Enfants de Gaza,
Peuple de Palestine,
C'est l'humanité
Qu'on assassine

Halte aux massacres
Dans la bande de Gaza

Nous sommes tous des enfants de Gaza

Ils étaient là, eux aussi. Comme à chaque fois que les gens bravent le froid, et oublient l'indifférence, et refusent le silence. Comme à chaque fois que les gens décident d'être solidaires et de le faire savoir, et de le dire haut et fort, là dans la rue. Qu'on soit obligé de les entendre. Qu'on ne puisse pas dire qu'on ne les a pas vu, qu'on ne savait pas, que ce n'est pas de notre faute.

On reviendra, autant qu'il le faudra,
et chaque fois plus nombreux.

Que le murmure de la rue s'entende jusque là-bas.

www.urgence-gaza.com


samedi 10 janvier 2009

Andalucia


La femme assise là

Elle me tourne le dos. Je sais qu'elle m'ignore mais je ne sais pas pourquoi. Elle se cache un peu. Elle pleure. Je suis un salaud elle se dit et elle pleure.
Ou alors elle ne pleure pas, elle est un peu triste parce qu'elle va partir. Elle m'attend là pour me le dire. Elle va partir vers l'horizon, elle va quitter la terre ferme pour ne jamais revenir.
Elle ne pleure pas encore mais va pleurer peut-être. Ou alors c'est moi qui vais pleurer.
Ou alors personne ne pleure et personne ne va pleurer. C'est moi qui suis parti il y longtemps et qui n'est pas revenu. Elle sait que je ne suis pas là et elle regarde la mer qui nous sépare. Elle se dit que si elle pouvait marcher sur l'eau elle viendrait me rejoindre. Elle a enlevé ses chaussures et croit bien qu'elle va essayer. Elle pense à moi et qu'elle va me rejoindre.
Ou alors elle ne me tourne pas le dos parce qu'elle ne sait pas que je suis là. Je ne suis pas là. Elle est seule et elle attend. Elle a donné rendez-vous à un inconnu pour aller marcher dans le sable. Je suis peut-être cet inconnu mais je ne suis pas là. Il faut que je me dépêche, que je lui dise Je suis là, allons marcher dans le sable, ne pleures pas.
Ou alors elle est là, et elle est seule et elle ne sait pas que je suis là, moi aussi. Elle ne me connait pas. Je vois ses pieds nus et je vais aller lui parler. Peut être voudra t-elle marcher dans le sable avec moi.
C'est avant le début.
Ou alors c'est déjà la fin.

(
photo: Floriane Boillot)

vendredi 9 janvier 2009

Ce débat que l'on voudrait nous confisquer

Moi qui évoquais un peu plus bas l'extrême " complexité de la situation au proche orient et les ardentes passions que soulève le conflit israélo-palestinien", voilà que quelqu'un a décidé de réagir ma page facebook, et de la plus belle manière qui soit :

Emmanuel Amar wrote:
" Ecoute moi sale suceur de bite des arabes, enculé d'lâche, comment peux-tu oser soutenir un "pays" comme la Palestine qui bombarde Israël depuis une éternité. Tu connais pas la contre-attaque fils de pute (fin de citation) "

Il y aurait beaucoup à redire sur le style et la syntaxe, je me permettrais d'aller à l'essentiel.
Lâche que je suis, d'avoir une opinion, lâche toujours d'oser émettre un avis critique sur l'intervention israélienne à Gaza, et de l'assumer, et de la rendre publique, et d'essayer de créer les conditions d'un débat impossible.

Peut-on réfléchir sur le conflit israélo-palestinien, a t-on le droit d'avoir un avis sur la question ?

Dans l'hypothèse extravagante que nous serions en démocratie, c'est un droit fondamental et le devoir de celui qui se prétend citoyen.

On peut, on doit avoir un avis et dénoncer le fait que le débat a depuis trop longtemps cédé la place au combat.
On peut aussi être réfléchi, nuancé et dénoncer le massacre qui est en train d'être commis à Gaza, sans être pro-hamas (et donc anti-israëlien, et donc ... ).
Qu'on arrête de vouloir nous assimiler, de caricaturer nos propos et de diaboliser nos prises de position.
On peut simplement être humain, refuser de fermer les yeux, de détourner le regard, et être sensible à à l'injustice et à la souffrance, surtout quand les bourreaux et les victimes sont, d'une part et d'autre, des êtres humains.

Alors oui, je vais continuer à oser, à porter un regard critique, à prendre position. Parce personne ne m'interdira le débat et que le massacre continue, chaque jour un peu plus.

Si vous aussi vous voulez oser, et au risque de nous répéter, rendez vous demain samedi à 15h place de la république.

"Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vous puissiez le dire" - Voltaire